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Autres
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Boualem Sansal
né en 1949
dans un petit village
de l'Ouarsenais
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Le
village de l'Allemand
Editions Gallimard, 2008
Les
narrateurs sont deux frères nés de mère algérienne et de père allemand.
Ils ont été élevés par un vieil oncle immigré dans une cité de la
banlieue parisienne, tandis que leurs parents restaient dans leur
village d'Aïn Deb, près de Sétif. En 1994, le GIA massacre une partie
de la population du bourg. Pour les deux fils, le deuil va se doubler
d'une douleur bien plus atroce : la révélation de ce que fut leur père,
cet Allemand qui jouissait du titre prestigieux de moudjahid...
Basé sur une
histoire authentique, le roman propose une réflexion véhémente et
profonde, nourrie par la pensée de Primo Levi. Il relie trois épisodes
à la fois dissemblables et proches : la Shoah, vue à travers le regard
d'un jeune Arabe qui découvre avec horreur la réalité de
l'extermination de masse ; la sale guerre des années 1990 en Algérie ;
la situation des banlieues françaises, et en particulier la vie des
Algériens qui s'y trouvent depuis deux générations dans un abandon
croissant de la République. " A ce train, dit un personnage, parce que
nos parents sont trop pieux et nos gamins trop naïfs, la cité sera
bientôt une république islamique parfaitement constituée. Vous devrez
alors lui faire la guerre si vous voulez seulement la contenir dans ses
frontières actuelles. " Sur un sujet aussi délicat, Sansal parvient à
faire entendre une voix d'une sincérité bouleversante.
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Akli Tadjer
Akli Tadjer est né à
Paris en 1954. Romancier et scénariste, il a notamment participé à l'écriture
d'épisodes de la série Maigret, d'après Georges Simenon. Chacun de ses
romans a été remarqué par la critique : en 1984, Les A.N.I. du Tassili
(Le Seuil) reçoit le prix Georges Brassens avant d'être adapté pour
la télévision ; Courage et patience (Lattès, 2000) est couronné par
le Grand Prix du Var ; enfin, le prix Maghreb-Méditerranée-Afrique de
l'ADELF-Ville de Paris lui a été décerné pour Le porteur de cartable
(Lattès, 2002), roman qui a donné lieu à un téléfilm. Il a pub
lié plus
récemment Alphonse (2005) aux éditions Jean-Claude Lattès.
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Alphonse
Lattès, août 2005, réédité
en 2007 en format poche, aux éditions Pocket
Ma
tante avait arraché la page de l'Almanach des Postes posé sur la cheminée.
Chaque jour avait sa feuille. Chaque jour avait sa blague. Déjà le
1er août ! La blague, c'est quoi, m'man ? Ma tante avait lu en trébuchant
sur chaque mot: A la Saint-Alphonse, fonce, fonce. Alphonse, c'était
fait. Je serais Alphonse. Ça te plait au moins? avait dit ma cousine
Juliette. J'avais fait non avec l'index. Elle s'en fichait. Elle était
déjà dehors à jouer à la baballe avec son chien.
Eté 1964. Mohamed arrive de Paris, seul, dans sa famille du Nord.
Une famille dont on ne lui avait jamais parlé. Il découvre alors Tante
Jeanne, Oncle Salah, Juliette, la gniace, et une ribambelle de cousins,
tous chrétiens. Bien des années plus tard, que reste-t-il d'Alphonse?
Une réflexion à la fois légère et grave sur l'identité, sur laquelle
l'auteur pose un regard amusé et généreux.
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Y.B.
Né à Alger en 1968, il a été journaliste,
notamment à El-Watan en Algérie et au Nouvel Observateur. Installé à
Paris depuis 1998, il est l’auteur, chez Lattès, du triptyque algérois
qui comprend : Comme il a dit lui (1998), L’explication (1999), Zéro
mort (2001). Il a ensuite décidé de ne plus écrire
(directement) sur l'Algérie pour commencer une carrière
de romancier servie par une plume alerte et un sens certain de l'ironie.
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Allah
Superstar
Editions Grasset, 2003, roman.
"Alors [c'est
Y.B. qui parle] voilà le pitch : Allah superstar est l’histoire de
l’ascension fulgurante d’un jeune comique franco-algérien qui rêve
de succéder à Jamel Debbouze. Mais attention, Kamel Léon Hassani est
un vrai-faux personnage. Un peu comme le Meursault de Camus, dans
l’Étranger, mais en vachement mieux. Sartre, qui savait si bien lire,
écrire et compter, avait écrit du personnage de Camus qu’il était
“ entièrement fabriqué pour la cause ”. En l’occurrence, l’existentialisme.
Ou le colonialisme. En tout cas un truc en “isme”. Moi c’est pareil.
Kamel Léon Hassani est entièrement fabriqué pour une cause en “isme”,
mais de là à te dire laquelle..."
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Commissaire
Krim
Editions Grasset, 2008, roman.
"Je ne suis
PAS musulman ! Combien de fois devrai-je répéter que ce n'est pas
un truc qu'on chope par sa mère à la naissance, comme le judaïsme
ou une maladie génétique ! Il faut se convertir. Et je n'ai fait ni
mon baptême, ni ma première communion, encore moins ma confirmation
! Jésus est mort sur la croix, Mahomet dans son lit. Je ne juge pas,
tous les goûts sont dans la nature. Si l'inverse s'était produit,
les cathos se trimballeraient un matelas en pendentif et les minarets
seraient cruciformes… N'étant pas sadomaso, je ne veux pas avoir à
choisir entre trois religions dont la première est juive et les deux
autres antisémites!"
Celui qui
parle ainsi est un certain commissaire Krim, dont les rapports avec
l'Algérie se bornent à la dénégation ci-dessus
chaque fois qu'on essaye de lui rappeler ses origines.
Essayant
de démêler un meurtre (une femme en hijab qu'on a retrouvée la tête
écrabouillée), le Commissaire mobilise sa fine équipe, dirigée par le
commandant Jambon (sic). Dans cette parodie d'une célèbre série
policière, émaillée de calembours et de formules à l'emporte-pièce, on
découvre rapidement que l'enquête n'est pour l'auteur qu'un prétexte
pour décrire une faune de personnages jaillis de son imagination
débridée.
On
retrouve beaucoup des qualités qui faisaient tout le sel d'Allah
Superstar: l'humour acéré d'Y.B., sa lucidité qui fait mouche et son
habileté à tourner en dérision tout le bric-à-brac identitaire qui, de
part et d'autre, mine la relation entre la France et ses minorités. Il
y a de belles trouvailles, une insolence assez jouissive, une
inventivité de tous les instants. Y.B a indéniablement le sens de la
formule : "Jambon avait demandé aux Renseignements Généraux les fiches
de tous les habitants du quartier qui rêvaient de prendre les commandes
d'un Airbus afin de raser leur tour HLM pour emménager au plus vite
dans une zone pavillonnaire au paradis des martyrs."
Il n'en
reste pas moins que, une fois le livre achevé, on se dit que
ce déferlement de blagues de potache ("C'est le commissaire Krim,
de la Crime, pour le crime.") et de références
aux séries télévisées rendent l'entreprise
un petit peu vaine.
Dommage
car une chose est sûre: Y.B. a une vision et un vrai talent
d'écrivain.
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