Le Voleur et les chiens

Roman de Naguib Mahfouz traduit de l'arabe par Khaled Osman

 

 
A sa sortie de prison, Saïd Mahrane découvre une société changée dans laquelle il n'a plus sa place. Trompé et renié par ceux qu'il aime, déçu et trahi par son maître à penser, Saïd se révolte à travers un parcours mouvementé dans la nuit du Caire où nous le suivons pas à pas, partageant ses souvenirs, ses rêves, ses angoisses, ses espérances, ses rencontres : Nour la prostituée éprise, Tarzan le mastroquet brigand et complice, cheikh Guénidi le sage mystique, Raouf Elouane le renégat arrivé. Le récit, entrecoupé par le monologue intérieur et les flash-back, avance irrésistiblement jusqu'à ce que le piège se referme. Fable sociale ou roman policier métaphysique ?
 

 

Naguib, Mahfouz, le maître égyptien de la saga, si prolifique qu'on le compare à notre Balzac national, demeure chez nous trop méconnu car traduit à petites goulées, comme pour faire durer le plaisir.. et il est infini. Après Passage des miracles et Impasse des Deux-Palais, Le Voleur et les chiens, paru en 1961, offre du Caire une nouvelle image : nocturne, envoûtante pour Saïd Mahrane, tout juste sorti de prison. Une odyssée en forme de fable sociale dont La Fontaine lui-même n'aurait pas renié le titre. Le Matin, 1986.

 
 

 

 
 
L'opportunisme et l'hypocrisie, l'absence de respect humain que comporte l'ambition tant politique que sociale, et surtout la trahison, qu'elle soit idéologique ou sentimentale, tels sont les comportements que décrit et dénonce son roman, Le Voleur et les chiens. Sobriété et dépouillement y sont les marques de la révolte. Dépouillement des lieux décrits bien plus comme symboles ou métonyrnies de leurs occupants que pour euxmêmes, dépouillement temporel d'une action violente et inutile qui ne dure que quelques jours. NADA TOMICHE, Le Monde diplomatique, 1985.

 

 
 

Ce n'est pas la moindre des originalités de Mahfouz d'avoir renouvelé sans cesse son verbe, d'avoir exploité toutes les modernités, serrant de près les avant-gardes ou anticipant même parfois sur elles. Et ce n'est pas vainement que certains critiques ont dit de Mahfouz qu'il est en même temps un "ancien" et un "moderne". CHARIF MAJDALANI, Afrique-Asie,1986.